Nous avons vu bien des G7, puis des G20 se tenir dans des grandes capitales (enfin bien souvent un peu à l’écart), ces grandes réunions de chefs d’État planqués derrière de très longues barrières et de très longs cordons de police, devant des citoyens enfumés aux gaz lacrymogènes autant que par des théories écono-politiques nébuleuses.
Ces colloques font l’objet de manifestations parfois violentes parce qu’ils sont secrets qu’ils sont des sources d’inquiétudes légitimes pour les citoyens et, malheureusement, parce qu’ils mondialisent trop souvent de mauvaises idées et de mauvaises pratiques politiques.
Notre point ici n’est cependant pas de nous étendre sur les effets du G20 ou de Davos, mais bien plutôt de comprendre le phénomène « Notre-Dame ». Le président Macron, devenu (du moins il le croit) incontournable en politique internationale depuis qu’il a incendié la métropole et les colonies vient d’inventer un G50 monumental. Il va réunir une cinquantaine de chefs d’État pour inaugurer la remise à neuf de la cathédrale.
Ce ne sera certainement pas un événement religieux mais politique. Le Pape lui-même n’y sera pas. Ce sera donc un « simple » G50, simple s’entendant au sens Macronien du terme, c’est à dire à son image.
Le grand souci des G20, c’est leur coût. On imagine celui d’un G50. Il faut loger les chefs et leur suite, car ils ne viennent jamais seuls et surtout les protéger et les amuser. Le président américain – ce ne sera évidemment pas lui, mais son spectre qui viendra déjà nous hanter – a déjà commencé à envoyer sa flotte de véhicules blindés et son armada de sécurité. Jill Biden viendra aussi. Les autres, probablement plus modestes ou moins peureux seront aussi accompagnés de quelques personnes, c’est la fête et tout le monde veut y être. C’est la Boum à Macron.
Le logement, ce sera dans un premier cercle de protection policière. À Notre-Dame et autour, il faudra compter plusieurs autres cercles : dans la cathédrale, autour du parvis et encore un autre cercle préventif autour du quartier, commerces et bouquinistes fermés jusqu’au Pont Neuf. En fait, on boucle toujours le quartier, c’est une habitude. Enfin, il faudra aussi protéger les itinéraires, les avenues, les quartiers dans lesquels « ces messieurs » (en majorité) passeront ou voudront passer – tant qu’à se déplacer à Paris, autant visiter.
Il n’y aura pas seulement que des chefs d’État à la fête. Il y aura des financiers. Ken Langone, un donateur des Républicains des États-Unis ou encore Kenneth C.Griffin qu’on ne présente plus…
https://fr.wikipedia.org/wiki/Kenneth_C._Griffin
Bien sûr, on a reçu 800 millions d’euros de plusieurs donateurs français et étrangers. 800 millions d’euros, c’est 20% du salaire de 2022 de monsieur Griffin. Il aurait pu se payer Notre-dame à lui tout seul. Mais on sent une hiérarchie chez les donateurs et ce G50 en est la démonstration. Tous ne seront pas remerciés avec le même faste.
Et encore, l’idée du don…et de donner. Au Canada, par exemple, l’Agence du Revenu ne retient pas comme don ceux qui sont assortis d’un avantage quelconque.
Paroles, paroles, supputations, nous ne savons rien en fait : qui paiera les dépenses personnelles des invités, qu va payer la police, l’armée, le logement, les frais, les repas puisqu’il faut s’attendre à de bons repas, pourquoi pas Versailles, le Louvre, Macron is the limit !
C’est pas pour dire, hein, mais en même temps, à Paris, dans les campagnes, il y aura toujours des petits salaires, des retraités, des petits donateurs de Notre-Dame même, qui devront sauter des repas, des toiles pour s’offrir le train pour Paris et d’autres qui ne le pourront tout simplement pas.
Cette réouverture de Notre-Dame, c’est une allégorie si clairement dessinée, c’est l’ascension vers le ciel de ce petit coq (pas celui auquel vous pensez, mais celui qui est juché en haut de la flèche) qui invoque la finance plutôt que la religion pour atteindre le ciel. Dans ce monde, ni l’une ni l’autre ne tiendront pourtant jamais leurs promesses.