La Fontaine aurait probablement trouvé un titre plus élégant, la guerre des tortues, par exemple, mais dans ce drame qui secoue les espoirs d’un monde « meilleur », nous n’écrivons plus pour notre Roi, mais pour des cinglés surarmés.
Quand les Russes se sont massés à la frontière Ukrainienne, en novembre 2021, le projet d’invasion était déjà déterminé. Pendant que les Européens se demandaient si les Russes oseraient entrer en Ukraine, une longue ligne de soldat et de matériel – près de 100 000 hommes – s’est formée jusqu’à la porte de l’Ukraine, observée par les États-Unis qui répétaient les mises en garde. Joe Biden, qui était certain que les Russes allaient attaquer a accordé, mi-janvier 2022, une aide de 200 millions de dollars à l’Ukraine.
Rétrospectivement, la notion d’escalade – et lenteur – s’applique tout autant à la manière dont la Russie a organisé son invasion qu’aux réactions militaires et politiques de l’Europe. Poutine est tout d’abord entré dans le Donbass où il a militarisé une milice pro-russe et il évoquait une « opération militaire spéciale » pour ne pas déclarer de guerre. En évoquant certains[1] groupes fascistes en Ukraine durant la guerre de 39-45, deuxième étape après le Donbass, Pourine justifie maintenant une escalade pour nettoyer des « fascistes ukrainiens » qui n’existent que dans son esprit.
À ce moment, il n’y a pas de grandes réactions en Europe, à part des condamnations et l’évocation de sanctions à venir. L’Allemagne continue de financer « l’opération » russe en achetant beaucoup de gaz, une aubaine. C’est un dynamitage des oléoducs en septembre 2022, par les services ukrainiens dit-on, qui a sauvé l’honneur de l’Europe, pas seulement celui de l’Allemagne.
De l’autre côté de l’Atlantique, un certain nombres de grandes entreprises états-uniennes ont quitté la Russie, peut-être pour ne pas risquer de perdre des clients, mais elles sont tout même parties alors que d’autres sont restées. Il ne faut pas toujours présumer d’une intention coupable. Le problème Russe, pour l’instant, est européen, une sorte de test sur l’Europe, pourtant, les États-Unis ont été plus déterminés.
Beaucoup de Russes ou de pro-russes ont quitté leur pays, mais pas toujours parce qu’ils étaient contre la guerre. L’immobilier européen a profité de cette manne sans trop se soucier des effets d’une telle immigration. En Europe, on est aussi causant qu’une banque Monégasque. Les sanctions ? Oh, c’est difficile… Les États-Unis demandent à l’Europe d’être plus sévère, l’Europe détient les deux tiers des avoirs russes à l’étranger. Ce n’est qu’en mai 2024 que l’union européenne a décidé d’utiliser les revenus de ces avoirs (environ trois milliards par an) pour financer l’Ukraine, par des achats d’armes entre autres.
Puis des sanctions ont été votées, parfois appliquées, mais avec des circonvolutions politiques qui les ont rendues inefficaces. Ce qui permet à Poutine de poursuivre sa politique étapiste jusqu’à créer un fait accompli pour le reste du monde, c’est à dire la conquête d’une bonne partie de l’Ukraine.
Ce n’est qu’en mai 2024 que l’Europe, enfin, augmente les droits de douane pour arrêter les achats de blé russe ! Sauf le blé qui transite par l’union européenne pour préserver la sécurité alimentaire mondiale.
What else ?
[1] https://www.marianne.net/agora/entretiens-et-debats/seconde-guerre-mondiale-la-collaboration-avec-les-nazis-en-ukraine-etait-comparable-a-l-europe-occidentale