Tout le monde n’a pas eu le bonheur de s’affranchir. Des esclavages d’abord, celui des femmes, des Africains, des enfants, des travailleurs, puis des religions, des discriminations, de la violence, de la dictature, des puissances d’argent.
Nos sociétés « modernes » y travaillent encore, mais les progrès sont là.
En matière de religion, les sociétés occidentales ne sont plus autorisées à établir des discriminations, mais elles ont presque toutes décidé d’établir une règle de laïcité dans toutes les activités publiques. Beaucoup de citoyens considèrent ainsi que « nous nous sommes débarrassés de la religion », sans contraindre personne à abandonner la sienne, ce qui est un immense progrès.
En général, il n’existe plus de discrimination envers ceux qui pratiquent une religion, quelle qu’elle soit. Chacun reste libre de penser et de dire ce qu’il pense, à condition de ne pas contraindre ceux qui ne veulent pas l’entendre. Chacun peut bâtir une Église et les lieux nécessaires à la pratique à condition de suivre les lois applicables à tous, des lois codifiées, précises.
Il n’y a, dans la détermination laïque, aucune haine, seulement la conviction que la laïcité a apporté d’immenses progrès : l’éducation, l’égalité, la liberté et un bon début, tout de même, de démocratie, tant d’avancées pour lesquelles beaucoup de femmes et d’hommes ont quitté leur pays, leur famille et parfois leurs traditions et leur culture.
Voilà pourquoi le prosélytisme, les signes religieux qui se multiplient dans nos sociétés nous exaspèrent. Il ne s’agit pas seulement du voile, mais de la croix, de la prière catholique dans les mairies, de la propagande, de l’emprise du religieux sur la vie publique, même si, trop souvent, nous avons à déplorer la lamentable absence de l’état dans l’aide aux plus démunis, dans l’écoute de ses citoyens, dans une spiritualité qui s’interroge sur le sens de la vie. Nous comprenons que cette carence peut conduire à l’adhésion à des religions qui prétendent résoudre ces problèmes, mais un passé millénaire et l’actualité prouvent le contraire au quotidien. La laïcité n’est pas arrivée par hasard mais parce qu’elle était un préalable au progrès social.
Il n’est même pas question de refuser, par simple entêtement, des idées qui seraient soumises aux citoyens par des groupes, quels qu’ils soient, mais il n’est pas question, non plus, de se voir imposer des pratiques qui iraient à l’encontre des principes qui ont permis les progrès auxquels nous avons fait allusion, même rien qu’un peu.
Contrairement à ce que certains prétendent, il existe une hiérarchie des droits. Celui d’être un homme ou une femme libre est peut-être celui qui prime sur tous les autres. Aucune religion, aucune orientation sexuelle ou philosophique, aucune appartenance à une « race » ne saurait permettre quelque restriction à la liberté d’un homme ou d’une femme libre. C’est même cette liberté fondamentale qui est à la base de toutes les autres et il n’est pas question de l’abandonner.
Je suis d’accord avec vous. Au Québec, les demandes de règles de laïcité peuvent paraître exclusives pour certains, mais notre choix à nous c’est la liberté. Ce « nous » on y a droit en tant que peuple et il est très important de se définir pour pouvoir se sentir unis. On veut proclamer la primauté de cette liberté pour accepter les autres qui choisiront notre pays comme pays d’adoption.
C’est ce que je ressens.