Bilan Covid

À la fin du mois de janvier, le monde entier avait en main toutes les données pour comprendre comment pouvait évoluer la pandémie de Covid-19. Malgré une réponse tardive de leur gouvernement, voire une tentative pour cacher la réalité, la Chine a pris des mesures draconniennes mais essentielles : confiner tout un secteur de la Chine, sans concession, sans exception, sans dérogation.

Parmi les autres pays, des dissensions sont rapidement apparues, confortées par des gouvernements en panique. On confinait, mais tard, ou rien qu’un peu, on communiquait avec les citoyens, mais en fonction des programmes politiques et pour cacher des carences que les gouvernants ne pouvaient corriger.

Bien évidemment, dans cette communication, de multiples contradictions sont apparues. Si l’on ne confine pas tout, les choix de confinement ne peuvent qu’être « injustes ». Personne n’a les moyens de garantir que le virus ne peut pas se transmettre dans un endroit quelconque, il y a trop de facteurs qui peuvent favoriser une infection dans un endroit donné, sauf lorsque toutes les mesures sanitaires sont totalement respectées : distance, masque, aération, réduction du nombre de contacts, réduction de la densité en plus de contrôler aussi l’accès à ces lieux : transport en commun, auto, marche. C’est pour cela que la Chine a littéralement enfermé des citoyens dans leurs appartements…mais seulement pendant quelques semaines.

Au prétxte que nous, les citoyens, n’accepterions pas des mesures strictes (« dictatoriales » a-t-on dit), les gouvernements, presque tous à des degrés divers, ont imposé leur manière de ralentir la diffusion du virus. La plupart des pays modulaient leurs restrictions en fonction de la capacité de leurs hôpitaux à recevoir les personnes atteintes.

Un exemple : parmi ces pays, certains ont fixé des seuils avant d’imposer des mesures plus sévères : 30 % de la capacité des hôpitaux, ou 150 cas positifs pour 100 000 habitants ou 10 % de positivité. En France, pour la « deuxième » vague, le gouvernement a littéralement attendu que le seuil de 50 000 nouvelles infections par jour soit dépassé pour agir. Il aurait déjà été difficile de réduire la transmission du virus avec 5 000 cas quotidiens…C’est l’histoire des Horace et des Curiace.

D’autres régions ou pays ont montré que c’était plutôt la rapidité des réponses qui comptait plutôt que la réduction d’une courbe administrative. En imposant – ou suggérant quand les citoyens sont particulièrement brillants comme en Colombie-Britannique ou en Nouvelle-Zélande – des mesures restrictives immédiates, sans attendre qu’un seuil soit dépassé, ces pays ont réussi à diminuer les cas et les décès par un facteur de 10 à 50. En contrôlant les voyageurs, comme Taïwan, certains ont même réussi à ne compter aucun décès.

On connaît l’évolution typique de la pandémie. Les réunions, les vacances, la reprise de cours et du travail dans les bureaux et les industries sont des facteurs déterminants. Quand on dit qu’une personne infectée contamine 1,3 ou 1,5 personne, c’est une moyenne. En pratique, un Parisien qui va en vacances à Deauville peut bien en contaminer 20 autres qui, chacun, peuvent en contaminer 2 ou 25. Et, de cette manière, être à l’origine, avec les autres, d’un rebond spectaculaire des contaminations comme en France et en Belgique actuellement.

Cela démontre que l’argument de la protection de l’économie n’a pas de sens. On peut effectivement bloquer complètement l’économie (où la mobiliser entièrement pour résoudre la pandémie) pour quelques semaines ou quatre ou cinq mois sans grandes conséquences, mais la restreindre pendant une période plus longue, voire indéfinie est un vrai danger de sombrer dans une crise très grave. En fait, ce qui n’était qu’une sorte de correction boursière violente et incontrôlée peut créer une crise systémique en détruisant les mécanismes de réparation des crises économiques. Des pans entiers de l’économie tombent, restaurants, voyage et prendront des années à se reconstruire et peut-être une décennie.

Croire que l’ancienne économie va laisser la place à la nouvelle économie est un leurre : les dizaines de milliers de nouveaux chômeurs ne retrouveront pas d’emploi tout de suite dans les éoliennes ou l’agriculture verte. Pour cela, il faut une formation, et pour les entreprises il faut des clients. Les tendances observées ne sont pas encourageantes : il y a un engouement sur les véhicules SUV au point où des constructeurs ne parviennent pas à liquider leur stock de petites autos. Ce n’est pas un pas dans l’avenir, mais une volonté de se vautrer dans le luxe de la consommation, un baroud d’honneur en anticipant une crise économique gigantesque.

La pandémie « allongée » que plusieurs pays connaissent laisse un champ de ruines. Au nombre de décès qui grandit chaque jour, s’ajoutent des dommages économiques croissants, et possiblement une situation sanitaire dangereuse. La persistance du virus Sars-cov-2 risque de créer des réservoirs dans d’autres espèces (visons animaux domestiques, volatiles), de susciter des mutations et de nouveaux virus semblables qui pourront multiplier les épidémies, les nouveaux virus créant dans ces réservoirs des variantes capables d’infecter des humains.

Rien n’est perdu, et il faut certainement instaurer des mesures pour mettre fin à cette pandémie et peut-être éviter qu’elle ne s’ajoute à la liste des grippes, pneumonies et autres maladies cycliques ou saisonnières, sans compter les conséquences sur la santé mentale et une fatigue qui à son tour, contribue à laisser le virus se disséminer parce que les citoyens n’ont pus d’espoir. « Nous allons vivre avec le virus » est un aveu d’échec et d’impuissance.

Grâce à des tests PCR et sérologiques, nous pourrions recommencer à confiner, non pas les vieux comme l’a suggéré sans intelligence un épidémiologiste français, mais celles et ceux qui peuvent s’infecter et infecter les autres, comme en Slovaquie. En quelques semaines, il serait possible non seulement de diminuer rapidement le nombre de cas et de décès, mais de faire cesser la circulation du virus dans les sociétés, ce qui est la mesure la plus importante. Sans porteur, le virus va simplement disparaitre. À condition que tous les pays s’accordent sur ce point ou que l’on s’isole de ceux qui ne le voudraient pas.

Ce qu’il m’est difficile de comprendre, aujourd’hui, c’est pourquoi, bien que je ne sois pas infectiologue ni  épidémiologiste, j’ai pu penser et agir de cette manière avec ma compagne (comme Taïwan, la Corée, la Nouvelle-Zélande et d’autres) dès la troisième semaine de janvier. La paranoïa ?

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