A-t-on allumé un nouveau feu de paille ? Il faut applaudir les résolutions de fin d’année et, pourquoi pas, de fin de régime, particulièrement la création d’un registre québécois des armes à feu. Mais ce n’est pas suffisant. Cela n’assurera pas l’égalité entre les femmes et les hommes et n’effacera pas la violence, les discriminations et ne fera pas non plus disparaître la pauvreté. Il y a des mesures plus immédiates que les gouvernements ne prendront pas et que, malheureusement, les citoyens ne réclament pas avec suffisamment de conviction et de force.
En écrivant ces lignes, nous avons justement entendu un juge condamner le gouvernement à payer des dommages-intérêts de 1,2 million de dollars pour n’avoir pas réussi à protéger une femme et un enfant de la violence du père. Comprenons que non seulement les mesures politiques et sociales nécessaires ne sont pas prises, mais que légalement, nos gouvernants sont jugés, par un juge, coupables de ne pas les mettre en œuvre. Les intervenants (dans ce cas des agents de probation) n’ont pas alerté la police sur le caractère dangereux du père.
Il faut comprendre que le ministre responsable ne s’est pas assuré que de tels événements ne puissent se reproduire. C’est dire combien le retard sur la réalité est criant.
Quelques heures seulement après l’annonce du Premier ministre sur le registre québécois des armes à feu, l’espoir retombe : ce sera le registre que « nous pourrons nous payer… » Un bémol qui ressemble à un silence.
Les mêmes éteignoirs reviennent animer la crainte du progrès social. « Il y a un coût », nous dit-on. Un coût à l’égalité, un coût à la lutte à la pauvreté, un coût au respect de la nature. Ces discours n’ont pas de sens. Le progrès social rapporte : meilleure productivité, bénéfices accrus, diminution des coûts liés aux inégalités. Humainement, les bénéfices sont encore plus évidents : des vies épargnées et aussi moins de maladie, de criminalité, de mortalité. Tous ces coûts, sociaux et économiques réels pèsent sur le développement et l’épanouissement des sociétés.
Parmi les politiques, tous sont atteints. Pauline Marois nous met en garde : « oui, bien sûr, il y a des coûts », Legault réitère que « nous ne pouvons pas nous payer… » tel ou tel progrès ou encore invoque un principe un peu flou d’utilisateur-payeur qui pourrait fort bien confiner le progrès à ceux qui peuvent se le payer. Quant au docteur Barrette, il semble croire que le décodage du génome humain (qui avait été programmé par Bill Clinton) va nuire aux systèmes de santé publique. À cause de cette connaissance, selon le ministre, nous allons être contraints de fabriquer les médicaments pour chaque malade en fonction de son ADN…ce qui semble représenter un problème. C’est un peu comme dire que l’invention de la vaccination a obligé les médecins à arrêter les saignées, un remède bon marché qui s’appliquait à tout le monde. Ah ! le bon vieux temps.
Vu sur un mur : les affiches de Ontwatch,
http://ontwatch.wordpress.com
Imprimez-les, collez-les, créez, fabriquez la société.