Ce n’est pas par hasard si Radio-Canada a diffusé cette semaine une émission radiophonique sur le rôle des médias lors des manifestations depuis 2012. Gabriel Nadeau-Dubois a mis en exergue des statistiques inquiétantes, montrant, par exemple, que seulement 4 % du temps et de l’espace des médias étaient consacrés à l’exposé des revendications, tout le reste étant réservé à « l’intendance », du refus de donner l’itinéraire aux forces armées à celui de « condamner la violence » et tout le bla-bla radio-télévisuel auquel nous sommes aujourd’hui habitués.
Rien n’a changé. Quand, aujourd’hui même, une Femen a interrompu le point de presse de la ministre Hélène David, la grande question qui a été soulevée était évidemment celle de « la sécurité au Parlement ». À moins que la jeune femme ait eu l’intention de serrer entre ses seins la tête de la ministre comme le suggérait le chanteur Georges Brassens dans ses chansons, il est difficile de voir un danger dans l’action des Femen. Bien au contraire, le groupe fait enfin revivre la démocratie et l’expression des citoyens.
Faisons tout de même notre part : Femen a voulu protester contre une tendance des gouvernements occidentaux d’attaquer les acquis des femmes, en particulier ce qui touche à la disposition de leur propre corps : IVG, médecine, auquel nous ajouterons les garderies et tout le reste, égalité, violence…
On se rappellera l’attaque sur les garderies par le gouvernement Couillard dès son arrivée. Sous le prétexte de « faire payer les riches », l’augmentation des frais de garde fait revivre le vieux concept machiste qui consiste à faire sortir les femmes du travail, les frais de garde venant « diminuer » l’intérêt économique d’aller travailler. « Tu me coûtes moins cher à la maison qu’au travail », rappelez-vous.
Avant lui, en France, le gouvernement de Sarkozy avait conduit à la fermeture de cliniques médicales pour les femmes. Les cliniques obstétriques n’étaient pas touchées ou l’étaient moins, mais elles ne pouvaient assurer les soins auparavant assurés par les cliniques médicales « simples » tout aussi nécessaires pour les femmes. Partout dans le monde, l’accès à l’IVG recule en corrélation avec les autres reculs qui les concernent.
Mais le message de Femen est infiniment plus fort et plus nécessaire que ce que nous pourrions croire. Il suffit de lire les commentaires machistes et violents pour comprendre pourquoi Femen est un bastion important de l’éducation et de la démocratie.