Le gouvernement Tsipras vient de découvrir la méthode Parizeau. Que faire lorsqu’on a en face de soi une cohorte de gens un peu bornés, qui se sentent honteux de leur politique des 20 (ou des 150) dernières années (depuis l’entrée de la Grèce dans l’Europe) et qui veulent imposer leur loi sans même en référer aux peuples qu’ils sont censés « diriger ».
La réponse : négocier fermement. Si la dette grecque est lourde (mais très comparable à celle d’autres pays d’Europe) par rapport à son PNB, elle reste gérable et remboursable. Internet regorge de sites qui ont fait les calculs : dette divisée par le nombre d’habitants. Ce n’est pas tant par son ampleur qu’elle dérange, mais bien par rapport à son PIB, largement insuffisant pour un pays comme la Grèce. Il n’était pas nécessaire d’imposer des mesures aussi drastiques (et surtout qu’elles soient imposées de très haut sans recours aux débats démocratiques qui auraient pu se tenir depuis des décennies…). Précisément, l’intérêt de l’Union européenne réside dans le pouvoir de protéger ses membres contre les effets pervers de l’économie, en l’occurrence des hauts taux d’intérêt et du manque de liquidités. La Grèce a sans doute une très bonne idée de la conduite à tenir, tout autant que M. Junker, issus du pays-phare de l’évasion fiscale européenne. L’Italie, en son temps, avait assaini sa fiscalité en contraignant les commerçants à émettre des factures. À l’arrière de ces bouts de papier, des coupons-rabais incitaient les clients à exiger leur bon de caisse…
La Grèce a d’autres ressources. L’une d’elles, c’est sans doute les Grecs eux-mêmes qui en ont assez des inégalités, des planqués fiscaux, des magouilles, des médecins déshippocratisés à qui il faut refiler des bakchichs et probablement de tous ces chefs d’États européens qui ont soit fermé les yeux, soit repris les recettes comptables de la Grèce pour présenter, comme eux, des budgets « équilibrés ».
Jacques Parizeau avait raison sur la négociation : ne pas avoir peur du théâtre de l’adversaire, et il avait aussi raison sur la démonisation de la dette.
Bien malin, parmi les négociateurs européens, celui qui engagera le Grexit, la sortie de la Grèce de la zone euro et de l’Europe. D’une part, la dette grecque ne vaudra, du coup, plus un kopeck une fois reconvertie en drachme dévaluée et elle deviendra impayable. D’autre part, les Européens auront à leur porte, un autre pays affaibli, ce qui va exactement à l’encontre de la construction européenne. Il faudra, un jour, que l’Europe devance le reste du monde, qu’elle comprenne l’Italie et ses réfugiés, La Roumanie et son passé, la Grèce, la solidarité et la démocratie. Et la philosophie…grecque.