La culture des inégalités

Oui, on peut construire les inégalités encore aujourd’hui. C’est ce que le gouvernement Couillard réalise en s’attachant à augmenter celles entre les femmes et les hommes. L’outil – les garderies – est le moyen utilisé. Tout d’abord, en modulant les frais des garderies (publiques « à 7 $ ») selon les revenus, il a, de facto, renvoyé une partie des femmes aux fourneaux. Dans notre société, les femmes ont des revenus (à travail égal) inférieurs de 20% à 25 % à ceux des hommes, en particulier de leur mari. Le choix est alors évident, même dans les familles riches :  le travail de la femme devient beaucoup moins intéressant et surtout, pénalisant. Ce n’est pas parce que Monsieur a un revenu de 120 000 $ que son épouse doit se contenter de l’attendre avec des plats chauds à la maison. Si un gouvernement voulait imposer les plus riches, c’est par l’impôt qu’il devrait le faire, pas en détruisant des programmes qui visent à permettre aux femmes de travailler, d’exister à part entière, de participer et d’exercer un pouvoir démocratique et nécessaire dans la société, sachant qu’aujourd’hui encore, non seulement les femmes gagnent moins, mais les emplois quelles occupent sont les plus précaires, temporaires, menacés.

Ce n’est pas tout. Le plan Couillard comprenait aussi une re-privatisation des garderies qui constitue en quelque sorte la deuxième vague du programme, une élimination et à tout le moins une paupérisation des garderies publiques. Moins de clientèle à cause de frais de garde plus élevés et qui vont en croissant, moins de ressources gouvernementales, c’est une nouvelle réalité qui s’installe. Certaines familles se plaignent de dépenser 20 $ par enfant et par jour, au lieu de 7 $, une nouvelle ponction de plus de 3000 $ par année et par enfant (20-7 x 250 jours). C’est une hausse d’impôt effective qui aurait été impossible autrement, sachant que près de la moitié des Québécois ne sont pas imposables. Du jour au lendemain, des familles non-imposables se trouvent à devenir contribuables par la bande et subitement beaucoup plus pauvres. Cette réalité, anticipée par Aurélie Lanctôt (« Les libéraux n’aiment pas les femmes »), sera installée solidement quand le gouvernement changera. Budgets, équilibres sociaux et économiques, fiscalité, politique de l’emploi, congés parentaux, place des femmes dans les décisions démocratiques, seront autant de nouvelles habitudes que nous avions réussi à contrecarrer grâce à des politiques progressistes au fil des révolutions tranquilles. Il nous faudra beaucoup de temps pour reconstruire une société intelligente à partir du champ de ruines du gouvernement Couillard..

 

 

 

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