Point n’était besoin d’être un gourou ou Warren Buffet pour craindre les effets des manigances financières du président américain. Pour rappel, l’économie américaine, après une crise que l’on a appelé « financière », mais qui frôlait le grand banditisme, a été purgée de quelques trolls et remontée grâce à l’action combinée de quelques financiers et du président américain Obama. Peu importe le camp dans lequel on se trouve, il y avait, à cette époque un réel danger qui a été jugulé. Les entreprises non-bancaires en danger ont elles-mêmes été soutenues telle General Motors que l’on a surnommée Government Motors.
L’injection de centaines de milliards de dollars dans l’économie américaine a redonné confiance au public et permis aux entreprises de se refaire. L’injection massive de fonds dans le public en général (quantitative easing) a conduit a une reprise très solide depuis 2008. Non seulement l’économie a connu une croissance ininterrompue depuis, mais elle n’a pas connu d’épisodes de folie, de ces bulles financières qui conduisent l’inflation puis l’effondrement des marchés sans contrôle.
Le taux de chômage, qui était proche de 8 % en 2009 est retombé à 4,5 % à la fin du mandat d’Obama. À ce moment, il n’était toujours pas question de bulle financière ou immobilière, tous les acteurs du marché se comportant d’une manière modérée, aidés par la banque centrale et le gouvernement qui avaient mis en place les mesures nécessaires et surtout par l’impression très répandue que cette reprise était fragile. À l’encontre de cette idée, quelques « visionnaires » ont investi soit à la bourse, soit dans des entreprises avec un succès qui se mesure aujourd’hui.
Tout a changé à l’arrivée de Trump et c’était prévisible. Dans l’esprit de ce pedler (le mot anglais semble plus ironique), l’incompétence, le mensonge, l’injection de fausses croyances et l’annonce de quelques mesures fiscales ainsi d’ailleurs que quelques mesures fiscales réelles allaient faire exploser l’économie américaine. Empruntant à Poutine l’expression d’un nationalisme qui met en avant la fierté de devenir le roi du monde-again, Trump a joué au mammouth dans une cristallerie. Depuis ce jeudi 9 février, une certaine panique s’est à nouveau installée.
Plusieurs facteurs s’entremêlent dans la confusion trumpienne. L’augmentation des salaires constatée au début de 2018 était nécessaire à cette fameuse confiance, la foi en une économie qui récompense, mais plus encore inévitable pour que les travailleurs ne passent pas à la concurrence dans un marché de plein emploi. L’effet de ces augmentations est en partie contrebalancé par la sortie du gouvernement du système de santé et de plusieurs institutions de protection des plus démunis. Finalement, elle touchera tous les secteurs de la consommation, pas seulement la construction ou le militaire.
En réalité, le fameux marché et nous devrions plutôt craindre la série de promesses ou de mesures propres à jeter à terre tout édifice économique.
Les baisses d’impôt viennent donner un coup de fouet à une économie en plein boom qui risque de partir au galop. Les grands projets gouvernementaux votés, semblables à la construction du barrage Hoover après la crise de 29, qui s’ajoute à l’augmentation des dépenses militaires contribueront aussi à ce tsunami, sans oublier cette criminelle permission de tuer la nature pour produire des bénéfices plus élevés et l’abandon de toutes les mesures de contrôle de qualité décrétées par Obama.
A priori, il n’y avait aucune raison pour les marchés boursiers de s’effondrer cette semaine de manière plus rapide encore qu’en 2008 quand les « subprimes » ont fissuré l’économie des États-Unis. Mais c’est certainement un désaveu de la politique réelle et rêvée par le président. Un coup de semonce qu’il n’aura pas entendu mais que d’autres dans son entourage auront enregistré.
Même si, il n’est pas besoin de collectionner les diplômes pour comprendre ce qui se passe. Par bonheur, Trump n’a pas réalisé beaucoup de ses promesses, mais les milliers de milliards qu’il veut dépenser pour les infrastructures sont déjà du même ordre de ce que le gouvernement d’Obama a dépensé pour ramener l’ordre économique en 2008. Pourtant, en 2018, l’économie n’a pas besoin d’être sauvée, seulement comprise.
Le petit président aura du mal à tuer son pays. Chaque mois, encore, même si le rythme a ralenti depuis qu’il est au pouvoir, près de 200 000 nouveaux emplois sont créés. Ces citoyens vont travailler pendant assez longtemps pour alimenter l’industrie, même avec un dollar faible et des déficits records. De quoi rassurer les marchés jusqu’au prochain tweet.
Consulter aussi : https://www.standard.co.uk/comment/comment/who-was-trump-trying-to-kid-with-his-address-to-congress-a3754466.html