Un peu de sincérité !

Les accidents aériens nous ont appris quelque chose : la vérité paie. Dans les minutes qui suivent un crash, les transporteurs qui racontent des histoires disparaissent tandis que ceux qui décrivent avec exactitude les causes de l’accident, non seulement restent en activité, mais changent les pratiques de l’industrie. On n’utilise plus des filtres à huile de piètre qualité depuis Eastern, on suit les procédures, on cloue au sol les avions défectueux.

En matière de pandémie, nous nous attendons à un traitement encore plus sérieux. Malheureusement, plusieurs gouvernements ont fait de la com et ont agi comme s’ils étaient agités d’un mouvement brownien. Les masques inutiles quand on n’en avait pas, puis obligatoires quand des couturières en faisaient. De la chloroquine en fin de vie pour soulager la psyché des soignants alors que l’expérimentation exigeait plutôt de l’administrer seulement au début de la contagion.

Il y a pire. La Chine, que l’on veut bien accuser d’avoir trafiqué les chiffres, a tout de même réussi à faire descendre la contamination à un taux très bas – l’aplatissement voire la disparition de la courbe – sans recourir à l’autre avenue, terrible, « l’immunisation collective » sur une musique de Dvorak.

En Chine, pour qu’une telle immunisation se produise, il aurait fallu contaminer plus ou moins 800 millions de Chinois. Les chiffres officiels montrent qu’il y aurait eu plutôt 90 000 contaminés, que l’on pourrait bien multiplier par 10 (900 000), par cent (9 000 000) voire mille, ce qui équivaudrait à 90 millions de Chinois malades de la Covid-19. Ce n’était certainement pas le cas.

Cela nous amène à penser que la Chine, malgré une population de près de 1,5 milliard de citoyens, a réussi à arrêter l’épidémie sans recourir à l’immunisation collective. Il semble bien qu’en confinant radicalement durant une période limitée, toute trace de virus ait pu disparaitre. Si de nouveaux cas se présentaient, on peut présumer que le pays serait capable de les éliminer rapidement. La Nouvelle-Zélande (5 millions d’habitants), semble avoir adopté la même politique.

En Occident, c’est différent. Ce que les Français, férus d’automobiles anciennes appellent « retard à l’allumage », c’est-à-dire l’irresponsabilité des gouvernants, le refus d’analyser ce qui se passait pourtant vitesse lente en Chine, en Corée, en Inde, dans tous les pays où la maladie suivait le soleil, d’est en ouest, a conduit à une situation dramatique. L’Italie avec le déplacement de 45 000 habitants d’une petite ville pour aller s’entasser dans le stade d’une ville voisine pour voir – en pleine épidémie – un match de foot, la France, avec la tenue d’élections municipales dans toutes les villes du pays – en pleine épidémie – puis d’autres pays encore, les uns après les autres avec des raisons ridicules allant du déni à la bravade, tous, ont participé à l’expansion de la pandémie.

Chacun de ces pays avait, durant les années précédentes, adhéré à une idéologie loufoque qui consistait à dépouiller leur système de santé de toute possibilité de traiter un tel problème, les chefs et leurs ministres se rencontrant à ces fameux G, G8, G20 qui n’ont jamais été, comme le fameux point G, que l’illusion d’un bonheur économique qui devrait toucher toute la planète. Les lignes Maginot des ministères de la Sécurité publique ont sauté aussi vite que les chars allemands de 1939.

Évidemment, rien de tout cela ne pouvait fonctionner. Sans hôpitaux, sans respirateurs, sans masques, sans blouses, sans préparation, sans stocks, il ne restait que l’épuisement des femmes et des hommes labellisés « services essentiels » qui pouvaient tenir les pays. Réjouissons-nous que l’avertissement nous soit parvenu sous la forme d’un virus pas trop virulent. La panique aurait pu être atomique, atmosphérique, aquatique, autrement plus difficile à traiter.

Ce sombre portrait pourrait encore noircir. En mars, Madame Merkel parlait de quelque 60 millions d’Allemands qui pourraient avoir été contaminés. Les autres disaient vouloir « aplanir la courbe » pour permettre au système hospitalier d’étaler dans le temps l’arrivée de malades.

Au Québec, comme dans quelques autres pays, on parle déjà de rouvrir les écoles…pour permettre, si l’on peut dire, aux enfants d’être contaminés et de servir ainsi de tampons dans une grande opération d’immunisation collective. En refilant la bestiole aux parents, les enfants nous vaccineraient ainsi tous comme Monsieur Jourdain faisait de la prose, sans le savoir.

Les différentes autorités sanitaires ne communiquent pas leurs connaissances. On ne sait pas précisément s’il existe des « réservoirs » de virus causant la Covid-19 susceptibles de faire renaître l’épidémie dans le futur. Il semble aussi possible que ce virus disparaisse complètement ou reste, à son tour, confiné chez quelques espèces (chauve-souris, pangolin) contrairement aux virus de la grippe qui se retrouvent chez les porcs, les chevaux, chez des animaux marins, des oiseaux, ce qui nous oblige à trouver de nouveaux vaccins chaque année parce que l’énorme reproduction du virus permet des mutations fréquentes et en interdit l’extinction.

Les gouvernements ne communiquent plus ! D’où vient cette idée qu’une personne contaminée est vraiment immunisée contre le virus ? Pour combien de temps ? Le serait-elle aussi en cas de variantes de la souche initiale ? Que sait-on ? Et, bien sûr, est-ce le rôle d’un gouvernement et d’une autorité sanitaire de décider, dans le noir, d’imposer une politique ou une ?

Le Premier ministre canadien, jusqu’ici considéré comme un joueur mineur parmi les grands a dit qu’il n’était pas question de déconfiner avant l’arrivée d’un vaccin. On présume que l’on en fabriquera un.

Les citoyens doivent être informés sur l’état des connaissances. Les gouvernements ne peuvent pas décider d’une immunisation collective ou d’une autre politique de sortie de pandémie sans consulter les citoyens et surtout sans leur communiquer honnêtement les bases sur lesquelles ils s’appuient pour valider leurs hypothèses. Nous pourrions en discuter avec les praticiens et les spécialistes du monde entier qui ont acquis une expérience considérable et sont prêts à la partager.

 

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A propos alaincognard

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2 commentaires pour Un peu de sincérité !

  1. Christiane Cadieux dit :

    Merci mon cher Alain.

    Tes écrits conservent toujours une pertinence et éloquence!

    J’espère que tu vas bien? Es-tu ici au Québec en ce moment?

    😘😘

    Envoyé de mon iPhone

    >

    • alaincognard dit :

      Salut Christiane, Ça me fait plaisir d’avoir de tes novelles. elles ont l’air bonnes…Merci pour le compliment. Je suis revenu ici, coupé dans mon élan pour aller vendre Paris et acheter à Nice et fuir la folie parisienne. Faudrait qu’on se rencontre, enfin, virtuellement comme d’habitude ! Gros bisous. (Tu es tjrs sur .cadieux@gmail ?)

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