Plusieurs Québécois ont eu le cœur arraché quand deux personnes ont été arrêtées suite à la destruction de tours de télécommunication qu’elles croyaient reliées à la technologie 5G. Il ne s’agit pas de faire l’apologie de ce que l’on appelle la théorie de la conspiration, loin de là, mais bien de répondre à une absence de communication entre les gouvernements et les citoyens, une ignorance qui risque de multiplier des drames semblables. Les deux personnes arrêtées, jeunes, ont pensé devoir alerter le public et il ne m’est pas permis de les blâmer dans les circonstances. Nous avons vécu, ici et ailleurs dans le monde, des aventures dévastatrices qui ont miné la confiance et la vie des citoyens, dont certaines n’ont pu se produire que grâce à des complicités criminelles : tabac, sang contaminé, poliomyélite, prothèses mammaires, accidents d’avion…
Quant à la technologie 5G, les craintes de beaucoup de citoyens portent sur la fréquence, sur la quantité et sur les effets secondaires de ces ondes. On soupçonne qu’elles pourraient détruire notre système immunitaire ou causer des cancers. Malheureusement, contrairement à ce que les États réclament pour les médicaments, il n’y a pas d’études complètes sur ces micro-ondes. En Europe, certains gouvernements ont exigé que les porteurs de téléphones les ferment quand ils remplissaient leur réservoir d’essence…bien avant la 5 G.
Il serait pourtant facile de tester les nouveaux appareils et de communiquer les résultats à l’ensemble des citoyens. Dans des société anciennes, il fallait obtenir l’assentiment royal pour produire et vendre sa production. Aujourd’hui, n’importe qui a le droit de fabriquer et vendre ce qu’il veut, et lorsque des permis sont nécessaires, il n’est jamais difficile de les obtenir. Après des années de libéralisation, les gouvernements ont même remis le contrôle aux fabricants eux-mêmes.
Les arguments de nos gouvernements en faveur de la 5G sont risibles : « Imaginez que c’est la fête du Canada », selon Doris Camire, directrice de recherche au CRC. « Une foule considérable s’est rassemblée pour les festivités sur la Colline du Parlement, et tous veulent utiliser leur téléphone cellulaire pour envoyer des photos ou des vidéos ». Si c’est pour ça, la 5 G, arrêtez-là tout de suite ! On attend plus intelligent, y compris les raisons invoquées pour les véhicules sans conducteur ou encore l’enseignement, alors que les écoles regorgent de moisissures, que bien des élèves n’ont ni ordinateur ni internet et que les taux de décrochage sont élevés.
La transparence n’empêchera certes pas l’ignorance – pour cela, il faudrait plus d’enseignement, plus d’éducation – mais elle empêchera une diffusion de l’ignorance. Il y a aux États-Unis des infectiologues opposés à la vaccination. Ils sont très peu nombreux, mais interprètent des textes et s’appuient justement sur des cafouillages industriels présents et passés. D’autres, plus justement nuancés, se demandent pourquoi tel vaccin est obligatoire dans un pays alors que la maladie y est absente depuis quarante ans alors qu’un autre ne sera pas obligatoire pour une maladie courante. La politique s’éloigne souvent de l’intérêt public.
Lorsque des dirigeants limitent l’information, comme dans le cas de la 5 G, en disant seulement que les émissions « ne dépassent pas la norme fixée » (par lui-même), très peu de citoyens sont en mesure de comprendre et accepter l’information. Si des informations plus complètes étaient largement diffusées, la population pourrait se faire une idée précise des limites acceptables, en particulier grâce à des débats entre des citoyens plus éclairés, sur des bases scientifiques solides. Mais là, nous rêvons d’une meilleure société, d’écoles qui intègrent les sciences, l’économie et la politique dans la formation des citoyens. En attendant, les gouvernements nous doivent un peu plus de rigueur et l’assurance qu’ils resteront vigilants.